Je me réveille sur une planète, à côté d’un vaisseau spatial endommagé.
Je n’ai aucun souvenir de la raison de ma présence ici.
La planète est de glace, j’ai froid, je ferais mieux de monter dans le vaisseau et de décoller au plus vite.
Que vais-je faire ?
Je fouille le vaisseau et y trouve les raisons de son disfonctionnement.
Je ne sais pas pourquoi j’ai cette connaissance, mais je remarque que les propulseurs ioniques sont surchargés en cobalt et que la matrice de polarisation quantique affiche l’erreur critique 416.
Tout ceci est un jeu d’enfant : après ajout de fluor catalytique et un rapide redémarrage de la matrice, le moteur ronronne à nouveau.
Je peux enfin décoller.
Je pars en exploration, marcher me réchauffera.
Je ne sais pas réellement ce que je recherche, ni même ce que je suis censé faire… Quel est mon but ? Pourquoi je ne me souviens de rien ?
Après peut-être plus d’une heure, entouré d’une faune et d’une flore intrigantes, de quelques bâtiments abandonnés dans lesquels je trouve des vivres et d’autres choses utiles, je tombe sur une structure en pierre de plusieurs mètres de hauteur.
Celle-ci est différente de tout ce que j’ai découvert durant mon exploration.
Je me sens connecté à cette structure, j’ai l’impression qu’elle m’appelle. Une technologie très avancée doit régir ce monde.
En touchant la structure, un écran apparait et affiche des symboles que je ne comprends pas.
Une voix résonne dans ma tête : « Trouve l’Éclipse. Trouve-moi. Trouve Saros ».
Je reçois les coordonnées d’un système solaire proche.
Je retourne à mon vaisseau. Je ne comprends pas vraiment, il a changé, il est comme neuf.
Est-ce la technologie de cette structure qui aurait fait ça ?
Je décide de décoller et, une fois dans l’atmosphère, j’inscris les coordonnées sur le tableau de bord.
Ça y est ! Je décolle, c’est une sensation incroyable, mais j’ai comme une impression de déjà-vu.
Après plusieurs minutes de vol, ma radio s’enclenche, un dialecte me parvient et, étrangement, je le comprends.
Je remarque que c’est un marchand, mais je n’ai rien à troquer.
Je lui demande plutôt s’il sait qui je suis et ce que je fais là. Il me propose de nous poser sur la planète où sa civilisation s’est installée.
Je me pose avec le marchand (du doux nom de Mzund) sur une planète bien plus accueillante que la précédente, pleine de verdure, une température agréable, de quoi s’installer confortablement.
Il m’explique que sa civilisation, les Syzygiens, ont colonisé cette planète il y a des centaines d’années et qu’ils y ont prospéré.
Je comprends vite qu’il s’agit d’une civilisation assez avancée technologiquement et scientifiquement.
Il doit certainement y avoir beaucoup d’érudits qui pourraient m’en apprendre davantage sur ma perte de mémoire.
Ma soif de savoir me pousse à demander à rencontrer leurs savants. Mzund m’amène à eux.
Je rencontre une poignée d’êtres dans une immense pièce circulaire.
Les savants ont l’air étonnés de me voir et sont méfiants. Je ne me sens pas réellement à l’aise.
L’un d’eux me propose un marché : les informations que je cherche en échange d’un échantillon sanguin.
J’accepte. Un bras robotique sort du sol.
L’aiguille me transperce la peau avant que je n’aie pu m’en rendre compte. Plus de peur que de mal.
Je leur demande ce qu’ils savent, qui nous sommes, ce que nous faisons là. Le doyen me répond : « Notre civilisation étudie ce système depuis des centaines d’années. Nous avons découvert comment utiliser ses ressources au mieux pour pouvoir survivre et prospérer.
Ces derniers temps, nous nous sommes surtout concentrés sur l’Éclipse, Dieu de toute chose, père créateur de notre univers. Dans ce système, nous avons trouvé des structures et des textes qui semblent être liés à Lui, mais nous cherchons toujours à les décrypter. »
Le vieillard ne m’en dit pas plus.
Ils n’ont pas l’air contents, je n’apprendrai peut-être pas autant d’informations que je le souhaiterais.
Je leur demande quand même ce qu’ils savent, qui nous sommes, ce que nous faisons là.
Un être dans la fleur de l’âge, irrité, me répond : « Notre connaissance ne vous regarde pas, voyageur.
Cherchez par vous-même, sauf si vous consentez à accepter notre marché… »
Je rejoins Mzund, je suis un peu déçu de ne pas en avoir appris plus, mais j’ai au moins pris connaissance de l’Éclipse.
Je lui demande s’il sait quelque chose à ce sujet.
« Je sais juste que nous le vénérons depuis toujours car c’est lui qui a créé toute vie dans cet univers. »
Rien que ça.
Le Syzygien me propose de rester un peu avec lui pour récolter des artéfacts à revendre par la suite. Je décide de rester, j’en apprendrai peut-être plus.
Je suis finalement resté la journée, j’ai décidé de loger chez Mzund avant de repartir le lendemain.
Soudain, un énorme bruit sourd me réveille en sursaut au milieu de la nuit. Je me lève et cherche après mon compagnon pour lui demander ce qu’il se passe.
Il n’est pas là… Je sors en vitesse et parcours les rues de leur ville : personne !
J’ai un pressentiment et me rend à l’endroit où j’ai rencontré les scientifiques, je m’y attendais : personne. La ville est sans vie, d’un coup.
J’erre le reste de la nuit dans la ville, mais après plusieurs heures, personne n’a l’air de revenir…
J’étais sur le point de partir loin de cette ville, lorsqu’un voyageur comme moi atterrit sur la planète.
- Luca, t’étais où ? Je t’ai cherché partout.
Je suis perplexe : - Qui es-tu ?
- Tu te fous de moi ? Tu ne te souviens vraiment pas ? Je m’appelle Saros, on est amis. Il faut qu’on y aille, vite.
Nous décollons.
En sortant de l’atmosphère, j’allume ma radio pour contacter Saros.
- Tu sais ce qu’il s’est passé là-bas ?
- Ils ont été éclipsés, me répond-il simplement.
- Quoi ?
- C’est la loi de l’Éclipse, le cycle de la vie, une fois qu’une civilisation a atteint un niveau de connaissance trop élevé, elle disparait pour laisser place à une autre. Prépare tes propulseurs, nous nous rendons dans un autre système solaire.
Je le suis sans trop poser de questions, abasourdi par ses révélations.
Je décide de ne pas m’en mêler, j’ai un mauvais pressentiment à ce sujet, je remercie Mzund et après un peu d’exploration sur cette si belle planète, je décide de décoller à nouveau.
Ma radio s’enclenche pour la deuxième fois. Une voix qui me semble familière me dit : - Luca ? C’est toi ? Bon sang t’étais où ? Je t’ai cherché partout.
Je suis perplexe : - Qui es-tu ?
- Tu te fous de moi ? Tu ne te souviens vraiment pas ? Je m’appelle Saros, on est amis. Il faut que tu viennes me rejoindre. Je t’envoie des coordonnées.
J’arrive dans un nouveau système solaire avec mon nouvel acolyte.
- Que fait-on là ? Je demande.
- J’ai un ami en danger ici, c’est un agent de l’Éclipse, il a besoin de nous.
Je me méfie, ce Dieu vient tout de même de détruire une civilisation.
- Suis-moi maintenant, nous arrivons à destination.
J’arrive dans un nouveau système solaire, je vois un autre vaisseau non loin de moi, Saros me contacte via ma radio.
- Luca, je suis content de te voir !
- Saros ? Qu’est-ce qu’on fait là ?
- J’ai un ami en danger dans ce système, c’est un agent de l’Éclipse, il a besoin de nous.
- L’Éclipse ? Qu’est-ce que c’est ?
- Le Dieu de ce monde, l’entité qui a créé toute forme de vie dans cet univers. Toute civilisation se doit de le vénérer. Suis-moi maintenant, nous arrivons à destination.
J’arrive dans ce nouveau système solaire. Je suis seul et un peu perdu, mais j’ai un but !
Les coordonnées me mènent apparemment vers… nulle part, au milieu du vide spatial. J’y suis, mais rien.
Je patiente quelques minutes à contempler l’immensité de l’espace.
Soudain, j’aperçois un autre vaisseau et ma radio s’allume. Une voix qui me semble familière m’interroge : - Luca ? C’est toi ? Bon sang, t’étais où ? Et qu’est-ce que tu fais là !?
Je suis perplexe : - Qui es-tu ?
Serait-ce celui que la structure m’a demandé de trouver ?
- Tu ne te souviens pas ? Je m’appelle Saros. On est amis. Comment m’as-tu trouvé ?
- Une étrange structure de pierre m’a donné ces coordonnées, je ne savais pas quoi faire d’autre que de venir ici.
- Bon, ça tombe bien, tu vas pouvoir m’aider ! J’ai un ami en danger ici, c’est un agent de l’Éclipse, il a besoin de nous.
- L’Éclipse ? Qu’est-ce que c’est ?
- C’est l’entité qui a créé la vie, on lui doit tous un grand respect, mon ami a eu la chance de pouvoir le servir et nous devons l’aider.
J’accompagne Saros sur une planète radioactive, l’air y est poussiéreux et nous sommes entourés de roches luminescentes.
C’est assez désertique, toute vie semble avoir disparu depuis bien longtemps. Nous trouvons un endroit suffisamment dégagé, une plaine sur laquelle nous pouvons poser nos deux vaisseaux.
Les quelques minutes de marche qui suivent sont insoutenables dans cette atmosphère irradiée.
Heureusement, nous nous abritons vite dans une grotte où je me sens plus à l’aise.
J’accompagne Saros sur une planète radioactive, l’air y est poussiéreux et nous sommes entourés de roches luminescentes.
C’est assez désertique, toute vie semble avoir disparu depuis bien longtemps. Nous trouvons un endroit suffisamment dégagé, une plaine sur laquelle nous pouvons poser nos deux vaisseaux.
Les quelques minutes de marche qui suivent sont insoutenables dans cette atmosphère irradiée.
Heureusement, nous nous abritons vite dans une grotte où je me sens plus à l’aise.
Nous avançons lentement dans la grotte, je n’ai pas confiance en Saros. Comment m’a-t-il trouvé ? Comment sait-il tout ça ?
Après de longues minutes, une lueur violette perce l’obscurité.
C’est une structure de pierre en arc de cercle. J’interroge mon compagnon du regard.
- C’est un portail, dit-il. Je suis soulagé, mon ami a probablement su rentrer chez lui en le traversant. Viens avec moi.
Saros veut que nous traversions le portail.
- Non, lui dis-je. Je ne te fais pas confiance, je ne sais pas ce que tu me veux mais je ne te suivrai pas.
Il me braque avec son pistolet à plasma.
- Je ne voulais pas en arriver là, Luca, tu viens avec moi !
Je n’ai pas le choix.
Je me résigne à le suivre mais je reste sur mes gardes.
Avant de franchir le portail, Saros m’interpelle. Il semble avoir une dernière chose à me dire.
- Je suis désolé, Luca, mais ça devait se finir comme ça. Tu vas désormais avoir le privilège de rencontrer ton créateur. Tu vas pouvoir lui poser toutes tes questions, puis tu disparaitras.
- Disparaitre ? Comment ça ?
- Tu vas être éclipsé. Comme tes amis les Syzygiens.
- Comme eux, tu vas disparaitre totalement de ce monde. Comme je l’ai dit, une fois un certain niveau de connaissance acquis, tu disparais, telle est Sa volonté.
- C’est vraiment dommage que ce soit toi qui aies fait disparaitre cette pauvre civilisation, mais dis-toi que ce serait arrivé de toute façon, ils en savaient déjà trop… L’Éclipse n’aime pas les fouineurs.
- Quoi !? Ce n’est pas ma faute !
- Si, c’est à cause de toi. Ou de ton échantillon sanguin, si tu préfères. Il ne leur manquait pas grand-chose pour savoir. Ils ont pu t’étudier, et tes informations biologiques leur ont enfin permis d’atteindre les limites imposées par l’Éclipse.
Je fixe Saros dans le blanc des yeux, bouche entre-ouverte. Je suis paralysé, mon cœur bat à tout rompre, mon cerveau marche à toute allure et je suis pourtant incapable de réfléchir correctement.
Il me faut quelques minutes pour me remettre. Saros me presse, visiblement agacé. Abattu, je passe finalement le portail.
Nous avançons lentement dans la grotte. Après de longues minutes, une lueur violette perce l’obscurité.
C’est une structure de pierre en arc de cercle. J’interroge mon compagnon du regard.
- C’est un portail, dit-il. Je suis soulagé, mon ami a probablement su rentrer chez lui en le traversant. Viens avec moi.
- Pourquoi ?
- C’est le moment de rencontrer l’Éclipse, c’est tout de même ton créateur, il aura toutes les réponses à tes questions. C’est ce que tu voulais non ?
C’est vrai, je veux savoir, je passe le portail en premier.
J’arrive seul. Je ne vais pas tarder à me retrouver face à l’Éclipse, des tas de sentiments m’envahissent, la peur et l’envie de rencontrer mon créateur, l’excitation d’enfin savoir mon but, le pourquoi de mon existence…
J’entre dans une pièce inondée de lumière, seule la noirceur de l’Éclipse détonne. Il me parait immense. Il communique dans ma tête : - Te voilà enfin.
- Explique-moi ! Crie-je. Qui suis-je, quel est mon but ?
L’Éclipse ne répond pas tout de suite. Nous nous observons en silence. Je n’arrive pas à déterminer si c’est une entité vivante ou une machine.
Le temps s’écoule lentement. J’ai l’impression que mon cœur va exploser, j’ai des sueurs froides et je suis incapable de réfléchir.
- Tu n’es qu’une erreur, dit-Il enfin. Tu n’étais pas censé exister, ou plutôt tu existes déjà.
Après un bref silence, Il continue : - Tu as l’air perdu, laisse-moi t’expliquer.
Les civilisations qui arrivent trop proches de la vérité, ou de la connaissance, sont éclipsées.
Les scientifiques peuvent devenir dangereux s’ils en savent trop sur moi ou sur le monde que j’ai créé. Mais ils restent utiles.
C’est pour cela que je fais d’eux mes agents. Ce sont eux qui veillent à ce que MON monde tourne bien rond.
Tu étais le scientifique le plus éminent de ta civilisation : l’humanité. Vous avez été éclipsés au moment où tu as décollé pour la première conquête spatiale de la Terre.
Tu t’es crashé sur une planète de glace, et malheureusement pour toi, tu as trouvé un de mes artéfacts.
Après l’avoir décrypté, tu as découvert mon dessein, ce qui m’a poussé à t’annihiler, toi et le reste de l’humanité !
Mais tu me restais nécessaire.
Suite à ta destruction, tu es né à nouveau : tu es devenu mon agent, tu es devenu Saros.
Je le fixe sans comprendre. Je suis Saros ?
Il reprend : - Mais de toute évidence, tu es encore là. Tu es ma première et unique erreur en plusieurs millénaires. Et je veillerai personnellement à ce que ça ne se reproduise plus.
- Une erreur ? Quelle erreur ?
- Ton esprit a persisté, un double a été créé. Un bug dans l’espace-temps. Et te voilà face à moi, sans souvenir de ton ancienne vie, en cohabitation avec toi-même. Saros a été mis au courant de ce désagrément et son but était de te ramener ici pour que je puisse te faire disparaitre pour de bon.
Plus l’Éclipse me parle, plus je me sens vide, trop d’informations, trop de questions. Je ne suis pas censé exister ? Je suis une erreur ? Je suis Saros ?
Tout prend soudain sens d’un coup ! Voilà pourquoi je trouvais Saros familier, mais ce n’était pas un vieil ami finalement.
Je me sentais connecté à l’Éclipse car c’était Son intention, Il voulait que je le trouve.
Je déglutis, j’ai tellement de choses à dire, j’ai tellement de questions.
- Pourquoi ?… est le seul mot que je parviens à prononcer.
- Nous devons nous assurer de corriger les erreurs pour que tout se déroule sans encombre.
Je baisse la tête, les larmes me montent aux yeux, j’ai la gorge nouée. Tout m’a mené ici, l’Éclipse était mon but. Et je le regrette profondément.
J’aurais préféré ne pas exister. J’aurais préféré ne pas avoir à lutter. Mais tout va se finir, ici et maintenant… Je veux partir.
Alors, je me résigne à accepter mon destin, que puis-je faire face au Dieu de cet univers de toute façon ?
J’approche de l’Éclipse, prêt à disparaitre… pour de bon…
Une lumière m’envahit, et je sens peu à peu mes souvenirs me quitter, j’ai déjà vécu ça.
C’est déjà arrivé…
Je commence à avoir froid.
C’est de la neige qui tombe sur mon visage ?
J’entrouvre difficilement les yeux et je vois mon vaisseau, endommagé dans la neige.
C’est la dernière chose à laquelle je pense…
Avant mon nouvel éveil…
Je ne suis…
Qu’un déséquilibre dans ce monde.
Peu importe mes choix, mon destin est inéluctable.
Quoique je fasse, tout me ramènera toujours à l’Éclipse.